James GILLRAY (1756-1815) - “James GILLRAY (1756-1815)
“The hand writing upon the wall – La main écrivant sur le mur”
Rare gravure originale avec rehauts d’aquarelle polychromes. L’orgie de Napoléon représentée est une reprise du festin de Balthazar dans le chapitre 5 du livre de Daniel : la main sortant d’une nuée trace sur le mur cette même phrase en hébreu “Mene, mene, tekel. Upharsin”, énigme prédisant la chute de Babylone.
Le jeune empereur est représenté stupéfait par le présage, tandis que l’entourage se jouit de l’abondance de mets, légendés “Tour de Londres”, “Saint James”, “Bank of England”, “Roastbeef of old England”, etc. Joséphine est obèse et boit de manière avide, les sœurs de l’Empereur, au fond, sont dévergondées. Une autre main tenant une balance fait présager un retour du roi.
Publié le 24 août 1803, à Londres, St James Street, 27.
H. 26,5 x L. 37 cm.
Historique
Caricaturiste de génie, James Gillray est l’artiste satirique le plus réputé d’Angleterre à partir des années 1780 jusqu’à ce que sa vue lui fasse complètement défaut vers 1810 et, de désespoir, précipite sa mort.
Il est surnommé le père de la caricature politique, diffusé en son temps non seulement au Royaume-Uni, mais aussi à travers toute l’Europe. Il devait son succès à sa qualité technique, de composition et de dessin, tout autant qu’à sa finesse d’esprit qui n’épargnait personne. L’Encyclopaedia Britannica (11e édition, 1910) le décrit ainsi : “il attaquait (...) avec une satire acerbe, et rien ne lui échappait, pas même un infime détail de mode sur une robe. Le grand tact des œuvres de Gillray, qui frappait n’importe quel sujet en ce qu’il avait de ridicule, n’avait d’égal que le trait exquis de ses dessins, dont les meilleurs sont dans, leur conception, dignes de la sublime poésie de John Milton”.
Si les phénomènes sociaux furent également ses sujets de prédilection, il est éminemment réputé pour ses caricatures des politiques de pure satire ou d’esprit plutôt conservateur en ce qui concerne la Révolution française et ce qui en découla, il publiait à ce sujet dans le journal -sans équivoque- “Anti-Jacobin Review”. Son souverain Georges III, le ministre Pitt et Napoléon Bonaparte furent également victimes de son art, mais la destinée du général corse concernait et inquiétait tant que les œuvres de Gillray trouvaient un public favorable dans nombres de régions d’Europe. L’artiste s’inspirait de chroniques politiques à son sujet, comme dans “la Nonchalance allemande” ou dans “les Délires d’un fou ou Petit Bony en pleine forme”, mais ici l’oeuvre est moins anecdotique, elle est l’expression d’un rejet profond de ce que Bonaparte représente, de sa croissante dangerosité pour l’Angleterre, et plus généralement encore, elle est l’expression d’une juste intuition prédisant la chute après une ascension fulgurante.
Oeuvres en rapport
- James GILLRAY, “The plumb-pudding in danger or State epicures taking un Petit Souper”, vente Bloomsbury, Londres, 25 juin 2015, lot 51 (adjugé 18.600£).
- “Maniac-raving's-or-Little Boney in a strong fit” (“les Délires d’un fou ou Petit Bony en pleine forme”), 1803, The British Museum (inv. 1868,0808.7120).
- “Boney & Talley – The Corsican carcase-butcher's reckoning day” (“Bony & Talley – le boucher corse fait le compte des carcasses”), 1803, The British Museum (inv. 1851,0901.1126).
- “German Nonchalence, or the Vexation of Little Boney” (“la Nonchalance allemande ou Petit Bony vexé”), 1802, collection privée.
Estim. 4 000 - 6 000 EUR