Jean COUSIN le fils (vers 1536 - Paris 1595)
Jupiter et Sémélé
Plume et encre brune, lavis gris-beige et rehauts de gouache blanche.
Filigrane au pot avec le nom « SIMONET », très proche du Briquet 12824 (Champagne et Paris 1555-1557).
(Coins supérieurs restaurés, déchirure sur 10 cm dans le coin supérieur gauche, petite restauration dans la partie supérieure au niveau de la branche d’arbre - 0,5 x 5 cm, petit trou restauré au niveau de la cuisse de Sémélé - 0,5 x 0,5 cm, pliure verticale au centre, quelques rousseurs).
24,5 x 37 cm
Provenance :
Provient d’un album avec de nombreuses gravures comportant un ex-libris imprimé de Johan Conrad von Reinach 1696, sans doute Johan Konrad von Reinach-Hirtzbach (1657 - 1737) Prince-Évêque de Bâle. L’album porte aussi une date manuscrite plus ancienne « anno 1616, 3 July / n° 211 ».
Bibliographie :
D. Cordellier, « Jean Cousin père et Jean Cousin fils : compléments à leurs œuvres dessinés » in Peindre à Paris aux XVe-XVIe siècle, Silvana Editoriale, 2024, p. 291, reproduit.
Notre dessin est un parfait exemple des canons développés par le Primatice et Nicolò dell’Abbate à Fontainebleau. Jean Cousin le Fils étire un peu plus le maniérisme bellifontain, avec ce corps de femme dont les jambes semblent ne jamais vouloir s’arrêter. On retrouve cette grâce légère dans un dessin de Jean Cousin le Fils, de même sujet, conservé à l’Hermitage (inv.5603). Ses tics de dessinateur, notamment son travail sur les mains, est caractéristique du style de Cousin Fils, que l’on admire aussi dans La Fortune et le Salut, de la Bibliothèque de l’Institut (voir : D. Cordellier, « Style et facture des dessins de Jean Cousin Fils » in C. Scailliérez, Jean Cousin Père et Fils, Musée du Louvre, 2013 fig. 269, p. 228).
Il reprend ici une thématique chère à l’école de Fontainebleau, autour des amours des dieux, dont on connait plusieurs autres exemples (voir : D. Cordellier, opus cité supra, fig. 271-281). Nous sommes face au moment tragique où Sémélé, alanguie sur son lit, attend son amant. Elle lui demande alors de lui montrer son vrai visage. Jupiter ne pouvant lui résister se montre sous sa vraie nature, son foudre et ses éclairs à la main. Sémélé, face au vrai dieu, ne peut supporter sa vue et se met à se consumer. Jean Cousin Fils fait vibrer la nature sur le point de virer à l’orage. L’état de fraicheur de la feuille donne au contraste de la plume et du lavis, une vivacité inhabituelle : il nous semble voir frémir les branches et les arbres qui s’agitent sous l’effet de cette tempête naissante.
Jean Cousin le Fils occupe une place de premier plan dans l’histoire de l’art français de la Renaissance. Peintre, graveur et théoricien, il représente le lien entre l’art italien de la Renaissance et la tradition artistique française naissante. Ses écrits théoriques, notamment « Le Livre de Perspective », sont des contributions essentielles à la compréhension des principes de la perspective et de l’art pictural à la Renaissance française. Son travail a influencé de nombreux artistes français de son époque, façonnant le développement de l’art en France. Sa capacité à fusionner les idées artistiques italiennes avec la tradition française a contribué à enrichir le paysage artistique de la Renaissance et à consolider sa place parmi les grandes figures de l’art européen.
Estim. 30 000 - 40 000 EUR