Alexandre Pavlovich BRULLOV (Saint-Pétersbourg 1798-1877).

Portrait du comte Vassily Alexeïevich Perovsky (1795 -1857), circa 1824. Aquarelle et mine de plomb sur papier, monogrammé AB en HAUT à droite, dédicacé en russe en partie basse par un poème autographe signé probablement du célèbre poète Vassily Andreïevich Joukovsky (1783-1852), reprenant la deuxième strophe de la chanson «Mon cher ami» de 1811 : «Oh mon cher ami, le Destin nous a ordonné de nous séparer : Des jours, des mois et des années passeront, En vain, je te tendrai la main de mon cœur — Ni ta voix, ni tes yeux ne m'enchanteront. Mais au loin, mon âme est en accord avec la vôtre ; L'amitié n'est soumise ni au temps ni au lieu ; Toujours, partout sois mon ange gardien, Ne m'oublie pas, mon ami.» Une modification est apportée au texte original au début du sixième vers : l'auteur remplace le mot «L'amour» (??????) par «L'amitié» (??????), car cela renvoie probablement à l'amitié très forte qui liait Vassily Andreïevich Joukovsky à Vassily Alexeïevich Perovsky. 20,5 x 14,5 cm Historique : La paternité de ce dessin à l'aquarelle est donnée à Alexandre Brullov, éminent dessinateur, aquarelliste et frère du célèbre Karl Pavlovich Brullov (1799-1852), il a également embrassé une brillante carrière d'architecte. Il figure ici un de ses amis, l'adjudant général Vassily Alexeïevich Perovsky (1796-1857), au cours d'un voyage en Italie. Perovsky séjourne en Italie, principalement à Naples et à Sorrente, de 1822 à 1824. Vassily Perovsky était un général de cavalerie ayant participé à la guerre patriotique de 1812 et à la guerre russo-turque de 1828. Nommé adjudant général en 1833, il était également membre du Conseil d'État et a obtenu le titre de comte en 1855.  Lors de son séjour italien, Alexandre Brullov s'est rendu à Sorrente suite à l'invitation qu'il a reçu de Vassily Perovsky, alors qu'il était adjudant du Grand-Duc Nicolas Pavlovich de Russie (1796-1855). Dans une lettre adressée à ses parents, Alexandre Brullov décrit Vassili Perovsky comme «un homme direct et merveilleux qui aime une vie tranquille et les arts» mais aussi comme «le plus bel homme de la Terre». C'est très vraisemblablement au cours de ce voyage qu'il a réalisé notre portrait et qu'il a offert à Perovsky, son ami et hôte. En témoigne un autre portrait en pied, à l'aquarelle, d'Alexandre Brullov figurant Vassily Perovsky (Inv. n°192), réalisé en 1824 et conservé au Musée Russe à Saint Pétersbourg (voir illustration). Il est aisé de reconnaître de nombreuses similitudes entre notre aquarelle et celle conservée au Musée Russe, à commencer par les attributs de Vassily Perovsky comme la prothèse en or qu'il porte à son index gauche (il perdit accidentellement un morceau de doigt lors de la retraite de Borodino) et son cigarillo. La ressemblance frappante qu'il existe entre ces deux œuvres permet de confirmer l'attribution de l'artiste et l'identification du modèle. Concernant la partie autographe du dessin, elle pourrait être de la main du poète Vassily Andreïevich Joukovsky (1783-1852) lui-même. En effet, ce dessin à l'aquarelle, a surement été réalisé dans les années 1824 lors du séjour d'Alexandre Brullov à Sorrente auprès de Vassily Perovsky. Dans le même temps, Perovsky entretient une correspondance avec Joukovsky, amis fidèles, ils ne cesseront jamais de s'écrire pendant plus de trente ans. Vassily Joukovsky ira même jusqu'à publier les lettres reçues d'Italie de Vassily Perovsky, à son insu, et anonymement dans son recueil «Fleurs du Nord» en 1827. Ce dessin d'Alexandre Brullov a donc pu faire partie d'un envoi, en guise de cadeau de Perovsky à son ami Joukovsky, qui l'aurait ensuite lui-même annoté en modifiant le premier mot du sixième vers comme nous l'avons indiqué plus haut. Cette modification qui vise à modifier le mot «Amour» par «Amitié» est le reflet du lien très fort qui a uni les deux hommes tout au long de leur vie.