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Côte d'Ivoire
Bois à patine brun r…
Description

Ɵ Masque Gouro surmonté d'un personnage, Côte d'Ivoire Bois à patine brun rouge, traces de kaolin H. 58 cm Guro mask, Ivory Coast H. 22 ¾ in Provenance : - Collection Jay. C. Leff, Los Angeles - Gustave et Franyo Schindler, New York - Hélène et Henri Kamer, Paris - Collection privée Publication/Exposition : - African sculpture from the collection of Jay C. Leff, Exposition au Museum of Primitive art, New York du 25 novembre 1964 au 7 février 1965, n° 64. - Exposition au Creative Art Center, Morgantown, West Virginia, mars 1969. - The Art of black Africa: Collection of Jay C. Leff, Exposition au Carnegie Institute, Pittsburg, du 24 octobre 1969 au 18 janvier 1970, N° 100 du catalogue. - Vente Sotheby's NY, Important African, Oceanic, and Pre-Columbian Art property of Jay C. Leff, 10 et 11 octobre 1975, lot 153. - Robbins, Warren M., et Nancy Ingram Nooter, African Art in American Collections, Survey 1989. Washington, D.C. et Londres: Smithsonian Institution Press, p. 173, n°341. Dans les savanes soudanaises, des statues humaines trônent fréquemment au faîte de masques zoomorphes, en particulier chez les Dogon, Sénoufo, Mossi ou Gourounsi ; plus au sud, les Gouro, population du centre de la Côte d'Ivoire, s'en sont fait une spécialité et le sommet de leurs masques sert souvent de support à des scènes animées. Cette tradition perdure lors des danses du Zaouli où les représentations plus récentes mettant en scène Mami Wata la sirène ou des lutteurs en flottant et chemisette aux couleurs criardes ont succédé au mythique couple amoureux ornant autrefois le salon d'André Breton. D'une aussi insigne rareté, la sculpture - zuhu - illustrée ici propose une allégorie aisément déchiffrable. Se jucher sur le crâne d'un guib harnaché ou d'un cob de Buffon n'exige pas la même détermination que de prendre le taureau par les cornes mais requiert adresse, souplesse et équilibre. L'image, en tout état de cause, exprime la domination. L'homme est agrippé aux cornes de l'animal comme à un gouvernail pendant la tempête, sa volonté et sa raison tentent de diriger et ordonner la nature sauvage et instable sous ses pieds. À notre connaissance, son genre rend ce masque unique chez les Gouro, les très rares autres variations sur ce thème, dont deux séduisirent Félix Fénéon, mettent en effet en scène un personnage féminin. L'ensorcelante Gu pose, en pied, sur le sinciput1 de son bel époux, le héros mythique Zamblé, personnage complexe habituellement représenté sous les traits d'une antilope mâtinée de léopard. Pour les Gouro, groupe patrilinéaire, offrir un tel piédestal à une femme montre à quel point elle était «la base et l'articulation de la société», comme le précisait l'anthropologue Claude Meillassoux. Contrairement à ses pendants de l'autre sexe, massifs, opulents et constellés de chéloïdes, la statue de notre personnage masculin frappe paradoxalement par sa grande délicatesse et sa sobriété, sans pour autant qu'il en émane la moindre mièvrerie : le corps est puissamment musclé, délié, bien proportionné, l'expression du visage farouche, presque féroce ; l'ensemble est harmonieux, le trait nerveux et précis comme en témoignent les ciselures de la coiffure, les contours de l'épine dorsale ou les mains finement dessinées. La base du masque proprement dite montre toute l'ambiguïté de Zamblé : Si les cornes sont toujours présentes, le traditionnel museau du félin disparait au profil d'une bouche et d'un nez effilé manifestement humains. Ce sujet s'inscrit par ailleurs dans une tradition ancienne puisque les deux masques féminins de Fénéon, évoqués plus haut, furent collecté par le lieutenant Raoul Soffrey Berthier Allemand de Montrigaud entre 1911 et 1913, lors d'opérations l'ayant amené à parcourir l'ensemble du pays gouro, de Gohitafla à Frefrerou, avec quelques incursions chez les Bété du Haut-Sassandra. Une certaine similitude entre la base Zamblé de ces masques et le Kpélié des Sénoufo, voisins septentrionaux, leur a valu d'être attribués à un hypothétique «maitre de Duonou», nom emprunté à la composante du peuple gouro situé le plus au nord de leur territoire. À l'opposé géographique, deux masques yohouré, quoique sculptés dans le style qui est propre à ce groupe, mettent en scène un personnage masculin2 dans une posture totalement identique à celui que nous décrivons ici, l'un d'entre eux ayant été acquis par Louis Carré auprès d'Antony Morris, entre les deux guerres. Il est louable de vouloir rendre hommage aux Maîtres disparus de la sculpture africaine mais choisir de leur donner comme pseudonyme le nom d'un village ou d'une sous-région dont ils seraient originaires procède d'une audacieuse spéculation. Sans autre indication, même le lieu de collecte est loin d'être probant : le premier masque d'un style gouro avéré, entré au musée d'ethnographie du Trocadéro en 1895, fut trouvé à Tiassalé, village baoulé. Les objets circulent, les tribus s

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Ɵ Masque Gouro surmonté d'un personnage, Côte d'Ivoire Bois à patine brun rouge, traces de kaolin H. 58 cm Guro mask, Ivory Coast H. 22 ¾ in Provenance : - Collection Jay. C. Leff, Los Angeles - Gustave et Franyo Schindler, New York - Hélène et Henri Kamer, Paris - Collection privée Publication/Exposition : - African sculpture from the collection of Jay C. Leff, Exposition au Museum of Primitive art, New York du 25 novembre 1964 au 7 février 1965, n° 64. - Exposition au Creative Art Center, Morgantown, West Virginia, mars 1969. - The Art of black Africa: Collection of Jay C. Leff, Exposition au Carnegie Institute, Pittsburg, du 24 octobre 1969 au 18 janvier 1970, N° 100 du catalogue. - Vente Sotheby's NY, Important African, Oceanic, and Pre-Columbian Art property of Jay C. Leff, 10 et 11 octobre 1975, lot 153. - Robbins, Warren M., et Nancy Ingram Nooter, African Art in American Collections, Survey 1989. Washington, D.C. et Londres: Smithsonian Institution Press, p. 173, n°341. Dans les savanes soudanaises, des statues humaines trônent fréquemment au faîte de masques zoomorphes, en particulier chez les Dogon, Sénoufo, Mossi ou Gourounsi ; plus au sud, les Gouro, population du centre de la Côte d'Ivoire, s'en sont fait une spécialité et le sommet de leurs masques sert souvent de support à des scènes animées. Cette tradition perdure lors des danses du Zaouli où les représentations plus récentes mettant en scène Mami Wata la sirène ou des lutteurs en flottant et chemisette aux couleurs criardes ont succédé au mythique couple amoureux ornant autrefois le salon d'André Breton. D'une aussi insigne rareté, la sculpture - zuhu - illustrée ici propose une allégorie aisément déchiffrable. Se jucher sur le crâne d'un guib harnaché ou d'un cob de Buffon n'exige pas la même détermination que de prendre le taureau par les cornes mais requiert adresse, souplesse et équilibre. L'image, en tout état de cause, exprime la domination. L'homme est agrippé aux cornes de l'animal comme à un gouvernail pendant la tempête, sa volonté et sa raison tentent de diriger et ordonner la nature sauvage et instable sous ses pieds. À notre connaissance, son genre rend ce masque unique chez les Gouro, les très rares autres variations sur ce thème, dont deux séduisirent Félix Fénéon, mettent en effet en scène un personnage féminin. L'ensorcelante Gu pose, en pied, sur le sinciput1 de son bel époux, le héros mythique Zamblé, personnage complexe habituellement représenté sous les traits d'une antilope mâtinée de léopard. Pour les Gouro, groupe patrilinéaire, offrir un tel piédestal à une femme montre à quel point elle était «la base et l'articulation de la société», comme le précisait l'anthropologue Claude Meillassoux. Contrairement à ses pendants de l'autre sexe, massifs, opulents et constellés de chéloïdes, la statue de notre personnage masculin frappe paradoxalement par sa grande délicatesse et sa sobriété, sans pour autant qu'il en émane la moindre mièvrerie : le corps est puissamment musclé, délié, bien proportionné, l'expression du visage farouche, presque féroce ; l'ensemble est harmonieux, le trait nerveux et précis comme en témoignent les ciselures de la coiffure, les contours de l'épine dorsale ou les mains finement dessinées. La base du masque proprement dite montre toute l'ambiguïté de Zamblé : Si les cornes sont toujours présentes, le traditionnel museau du félin disparait au profil d'une bouche et d'un nez effilé manifestement humains. Ce sujet s'inscrit par ailleurs dans une tradition ancienne puisque les deux masques féminins de Fénéon, évoqués plus haut, furent collecté par le lieutenant Raoul Soffrey Berthier Allemand de Montrigaud entre 1911 et 1913, lors d'opérations l'ayant amené à parcourir l'ensemble du pays gouro, de Gohitafla à Frefrerou, avec quelques incursions chez les Bété du Haut-Sassandra. Une certaine similitude entre la base Zamblé de ces masques et le Kpélié des Sénoufo, voisins septentrionaux, leur a valu d'être attribués à un hypothétique «maitre de Duonou», nom emprunté à la composante du peuple gouro situé le plus au nord de leur territoire. À l'opposé géographique, deux masques yohouré, quoique sculptés dans le style qui est propre à ce groupe, mettent en scène un personnage masculin2 dans une posture totalement identique à celui que nous décrivons ici, l'un d'entre eux ayant été acquis par Louis Carré auprès d'Antony Morris, entre les deux guerres. Il est louable de vouloir rendre hommage aux Maîtres disparus de la sculpture africaine mais choisir de leur donner comme pseudonyme le nom d'un village ou d'une sous-région dont ils seraient originaires procède d'une audacieuse spéculation. Sans autre indication, même le lieu de collecte est loin d'être probant : le premier masque d'un style gouro avéré, entré au musée d'ethnographie du Trocadéro en 1895, fut trouvé à Tiassalé, village baoulé. Les objets circulent, les tribus s

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