Null Michel CHEVALIER (1806-1879) économiste. 32 L.A.S. (une en partie autograph…
Description

Michel CHEVALIER (1806-1879) économiste. 32 L.A.S. (une en partie autographe), 1859-1877, à Jules Warnier ; 72 pages in-8 ou in-12, quelques en-têtes Ministère d’État. Salon de 1861, Exposition universelle de 1862 et Exposition universelle de 1867 (légers défauts à quelques lettres). Intéressante correspondance sur l’économie et la politique. [Jules Warnier (1826-1899), industriel de Reims, député de la Marne de 1871 à 1876, était un partisan du libéralisme économique et du libre-échange ; il sera membre, comme Chevalier, de la Société d’économie politique.] Les lettres sont écrites pour la plupart de Paris, mais aussi quelques-unes de Lodève, d’Asnelles ou de Londres. Il y est notamment question de l’Association pour la réforme commerciale, de la Société industrielle de Reims, de l’Association pour la liberté du commerce, de l’Exposition universelle à Londres en 1862 (récit de la belle fête donnée par Lord Granville, où parurent la duchesse d’Orléans et le duc de Nemours), de l’industrie textile de Reims et d’éventuelles adjudications ministérielles, des chemins de fer, de « cet effroyable drame de Paris, au bout duquel il n’y a que des désastres » (21 avril 1871), de la négociation d’un nouveau traité de commerce avec l’Angleterre, des budgets de la France, etc. Citons deux lettres à titre d’exemples. 23 septembre 1867, sur l’octroi : « Je ne blâme pas ceux qui attaquent l’octroi en principe : peu d’impots soulèvent autant d’objections. C’est une douane intérieure. Mais les villes se sont jetées dans cette voie avec tant d’abandon que je ne crois pas aisé d’obtenir l’abolition de la taxe. C’est difficile de l’extirper, même loin de Paris. Pour Paris, quant à présent, c’est impossible. Ce que je tente en ce moment, c’est d’empêcher un empiètement de l’octroi sur le régime intérieur des villes, empiètement qui ne tend à rien moins qu’à défaire l’affranchissement des communes. C’est la bureaucratie inintelligente de quelques villes, qui, sous la conduite de quelques fous, s’efforce de faire cet empiètement. M. Haussmann est le général de cette armée d’extravagants. Ma campagne a une visée bien modeste, d’établir comme un droit dans les villes de l’Empire, Paris compris, l’entrepôt à domicile pour les matières premières et les combustibles. C’est-à-dire l’immunité des droits d’octroi sur ces objets au profit des manufactures, autant que lesdits objets servent à fabriquer des produits destinés au commerce général de l’Empire. […] Quant à présent, il n’y a que cela de possible, surtout à Paris. […] La dent d’ailleurs est dure à arracher. M. Haussmann s’est emparé de l’esprit de l’Empereur et lui a fait accepter un système qui est la ruine de l’Industrie et la violation de la loi. Les ministres se résignent à voir ces actes déplorables s’accomplir à leurs yeux et barbe, presque sous leurs auspices, avec leur sanction apparente »… – 3 avril 1877, sur la négociation d’un « nouveau traité de commerce avec l’Angleterre, dans la pensée que le tarif conventionnel, ainsi rédigé, sera appliqué à tous les autres peuples ayant un traité avec nous. Le gouvt y avait mis peu de bonnes dispositions, mais nous avions stimulé Simon et Say et ils avaient redressé la marche du gouvt. On a écrit aux commissaires anglais de venir et ils sont arrivés, persuadés qu’on voulait faire avec eux un traité sérieux », mais les choses trainent, et on constitue un comité consultatif chargé d’éclairer les commissaires français et formé de « la crème, la fleur du protectionnisme militant […] le gouvt, que nous croyions ami, est passé à l’ennemi depuis le départ de Simon et de Say »…

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Michel CHEVALIER (1806-1879) économiste. 32 L.A.S. (une en partie autographe), 1859-1877, à Jules Warnier ; 72 pages in-8 ou in-12, quelques en-têtes Ministère d’État. Salon de 1861, Exposition universelle de 1862 et Exposition universelle de 1867 (légers défauts à quelques lettres). Intéressante correspondance sur l’économie et la politique. [Jules Warnier (1826-1899), industriel de Reims, député de la Marne de 1871 à 1876, était un partisan du libéralisme économique et du libre-échange ; il sera membre, comme Chevalier, de la Société d’économie politique.] Les lettres sont écrites pour la plupart de Paris, mais aussi quelques-unes de Lodève, d’Asnelles ou de Londres. Il y est notamment question de l’Association pour la réforme commerciale, de la Société industrielle de Reims, de l’Association pour la liberté du commerce, de l’Exposition universelle à Londres en 1862 (récit de la belle fête donnée par Lord Granville, où parurent la duchesse d’Orléans et le duc de Nemours), de l’industrie textile de Reims et d’éventuelles adjudications ministérielles, des chemins de fer, de « cet effroyable drame de Paris, au bout duquel il n’y a que des désastres » (21 avril 1871), de la négociation d’un nouveau traité de commerce avec l’Angleterre, des budgets de la France, etc. Citons deux lettres à titre d’exemples. 23 septembre 1867, sur l’octroi : « Je ne blâme pas ceux qui attaquent l’octroi en principe : peu d’impots soulèvent autant d’objections. C’est une douane intérieure. Mais les villes se sont jetées dans cette voie avec tant d’abandon que je ne crois pas aisé d’obtenir l’abolition de la taxe. C’est difficile de l’extirper, même loin de Paris. Pour Paris, quant à présent, c’est impossible. Ce que je tente en ce moment, c’est d’empêcher un empiètement de l’octroi sur le régime intérieur des villes, empiètement qui ne tend à rien moins qu’à défaire l’affranchissement des communes. C’est la bureaucratie inintelligente de quelques villes, qui, sous la conduite de quelques fous, s’efforce de faire cet empiètement. M. Haussmann est le général de cette armée d’extravagants. Ma campagne a une visée bien modeste, d’établir comme un droit dans les villes de l’Empire, Paris compris, l’entrepôt à domicile pour les matières premières et les combustibles. C’est-à-dire l’immunité des droits d’octroi sur ces objets au profit des manufactures, autant que lesdits objets servent à fabriquer des produits destinés au commerce général de l’Empire. […] Quant à présent, il n’y a que cela de possible, surtout à Paris. […] La dent d’ailleurs est dure à arracher. M. Haussmann s’est emparé de l’esprit de l’Empereur et lui a fait accepter un système qui est la ruine de l’Industrie et la violation de la loi. Les ministres se résignent à voir ces actes déplorables s’accomplir à leurs yeux et barbe, presque sous leurs auspices, avec leur sanction apparente »… – 3 avril 1877, sur la négociation d’un « nouveau traité de commerce avec l’Angleterre, dans la pensée que le tarif conventionnel, ainsi rédigé, sera appliqué à tous les autres peuples ayant un traité avec nous. Le gouvt y avait mis peu de bonnes dispositions, mais nous avions stimulé Simon et Say et ils avaient redressé la marche du gouvt. On a écrit aux commissaires anglais de venir et ils sont arrivés, persuadés qu’on voulait faire avec eux un traité sérieux », mais les choses trainent, et on constitue un comité consultatif chargé d’éclairer les commissaires français et formé de « la crème, la fleur du protectionnisme militant […] le gouvt, que nous croyions ami, est passé à l’ennemi depuis le départ de Simon et de Say »…

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