Null Charles-Geneviève de Beaumont, chevalier d’ÉON. L.A. (minute avec correctio…
Description

Charles-Geneviève de Beaumont, chevalier d’ÉON. L.A. (minute avec corrections), Paris 29 août 1777, au comte de Vergennes ; 2 pages in-fol. sur colonne (pli fendu réparé, bords sup. et inf. légèrement effrangés). Étonnante lettre sur son habillement en femme par Rose Bertin, la couturière de Marie-Antoinette, avec la facture de la modiste. Après l’ordre du Roi [de ne plus s’habiller qu’en femme] reçu par Vergennes et Maurepas, il a retardé son départ pour la Bourgogne : « Le peu de hardes de femme qui me restoient ne peuvent plus me servir pour me presenter à Versailles. Madlle Bertin attachée au service de la Reine a pris la peine de passer hier chez moi de votre part et ma repeté [...] quelle etoit chargée par le Roi & par vous de m’habiller de la tête aux pieds [...] elle se chargeroit non seulement de faire mes robes pendant mon absence, mais encore de faire de moi une fille passablement modeste & obeissante. Quant à la sagesse qui est aussi necessaire dans une fille, que le courage dans un Capitaine de Dragons, le Ciel & la necessité dans les diverses vicissitudes de ma vie si longtems & si cruellement agitée m’en ont donné une si vieille habitude quelle ne me coute plus rien. Il me sera cent fois plus facile d’être sage que d’être modeste & obeissante. Il n’y a que l’envie extreme que j’ai d’être irreprochable aux yeux du Roi & de mes protecteurs tels que M.M. les Comtes de Vergennes & de Maurepas qui puissent me donner la force necessaire pour me vaincre moi-même & prendre ce caractere de douceur conforme à la nouvellle existence qu’on me force de reprendre. Le role de lion me seroit plus facile à jouer que celui de brebis, & celui de capitaine de Dragons que celui de fille douce & obeissante. […] Mlle Bertin aura le plus de merite à ma conversion miraculeuse »... On joint le mémoire de Mademoiselle Rose BERTIN (1747-1813), « du Grand Mogol », des fournitures faites « à Mademoiselle D’Eon », du 8 septembre au 28 novembre 1777 (2 pages et demie in-fol. ; mouillure et manque dans un angle). Liste détaillée de tous les vêtements avec leur description et leur prix : robes, manteaux, rubans ; bonnets, fichus, manchettes, tissus divers, éventail, manchon de renard bleu, etc. Ainsi le 18 septembre : « Donné à la couturière de mademoiselle pour une robe 20 aul[nes] taffetas d’Italie noisette. La garniture de la ditte robe, deux rangs de plis le long du parement et deux rangs de bouillons tout en meme taffetas decouppé, deux volants au jupon, garni la taille et les manchettes »… D’Éon a noté en tête de sa main que Mlle Bertin est « Marchande de modes de la Reine, rue St Honoré à Paris ». Le document, se montant à la somme de 1938 livres, est signé à la fin par Mlle Bertin, qui donne reçu du paiement à Micault d’Harvelay, garde du Trésor royal. Évelyne et Maurice Lever, Le Chevalier d’Éon, une vie sans queue ni tête (Fayard, 2009, p. 245).

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Charles-Geneviève de Beaumont, chevalier d’ÉON. L.A. (minute avec corrections), Paris 29 août 1777, au comte de Vergennes ; 2 pages in-fol. sur colonne (pli fendu réparé, bords sup. et inf. légèrement effrangés). Étonnante lettre sur son habillement en femme par Rose Bertin, la couturière de Marie-Antoinette, avec la facture de la modiste. Après l’ordre du Roi [de ne plus s’habiller qu’en femme] reçu par Vergennes et Maurepas, il a retardé son départ pour la Bourgogne : « Le peu de hardes de femme qui me restoient ne peuvent plus me servir pour me presenter à Versailles. Madlle Bertin attachée au service de la Reine a pris la peine de passer hier chez moi de votre part et ma repeté [...] quelle etoit chargée par le Roi & par vous de m’habiller de la tête aux pieds [...] elle se chargeroit non seulement de faire mes robes pendant mon absence, mais encore de faire de moi une fille passablement modeste & obeissante. Quant à la sagesse qui est aussi necessaire dans une fille, que le courage dans un Capitaine de Dragons, le Ciel & la necessité dans les diverses vicissitudes de ma vie si longtems & si cruellement agitée m’en ont donné une si vieille habitude quelle ne me coute plus rien. Il me sera cent fois plus facile d’être sage que d’être modeste & obeissante. Il n’y a que l’envie extreme que j’ai d’être irreprochable aux yeux du Roi & de mes protecteurs tels que M.M. les Comtes de Vergennes & de Maurepas qui puissent me donner la force necessaire pour me vaincre moi-même & prendre ce caractere de douceur conforme à la nouvellle existence qu’on me force de reprendre. Le role de lion me seroit plus facile à jouer que celui de brebis, & celui de capitaine de Dragons que celui de fille douce & obeissante. […] Mlle Bertin aura le plus de merite à ma conversion miraculeuse »... On joint le mémoire de Mademoiselle Rose BERTIN (1747-1813), « du Grand Mogol », des fournitures faites « à Mademoiselle D’Eon », du 8 septembre au 28 novembre 1777 (2 pages et demie in-fol. ; mouillure et manque dans un angle). Liste détaillée de tous les vêtements avec leur description et leur prix : robes, manteaux, rubans ; bonnets, fichus, manchettes, tissus divers, éventail, manchon de renard bleu, etc. Ainsi le 18 septembre : « Donné à la couturière de mademoiselle pour une robe 20 aul[nes] taffetas d’Italie noisette. La garniture de la ditte robe, deux rangs de plis le long du parement et deux rangs de bouillons tout en meme taffetas decouppé, deux volants au jupon, garni la taille et les manchettes »… D’Éon a noté en tête de sa main que Mlle Bertin est « Marchande de modes de la Reine, rue St Honoré à Paris ». Le document, se montant à la somme de 1938 livres, est signé à la fin par Mlle Bertin, qui donne reçu du paiement à Micault d’Harvelay, garde du Trésor royal. Évelyne et Maurice Lever, Le Chevalier d’Éon, une vie sans queue ni tête (Fayard, 2009, p. 245).

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