Null Charles-Geneviève de Beaumont, chevalier d’ÉON. L.A. (minute) : Projet de l…
Description

Charles-Geneviève de Beaumont, chevalier d’ÉON. L.A. (minute) : Projet de lettre, [1793], à « Monsieur l’officier de la Couronne » [d’Angleterre] ; 3 pages in-4. Intéressant projet de lettre pour ne pas être considérée comme émigrée, mais condamnant la Terreur et disant son attachement pour l’Angleterre, et évoquant sa métamorphose en femme. Elle s’adresse à l’officier chargé de faire « la liste des émigrés françois, pauvres, tristes, maigres & affamés ». Elle supplie de ne pas la porter sur cette liste « car je ne suis ni triste, ni maigre, ni pleine, ni vuide ». Elle a ses passeports depuis 1792 mais elle a hésité à revenir en France, et en apprenant l’emprisonnement au Temple de Louis XVI et sa famille, elle a mis « de l’eau dans mon vin & j’ai dit en moi-même si on traire comme cela le Roi mon maitre, comment traitera-t-on sa servante. […] Car quoique j’aye dessiré avec tous les gens honnete & ecclairé une sage reforme des abus extraordinaires en France, jamais je n’ai demandé la réforme de la tête du Roi & de ses sujets. Il n’y a qu’un fou qui pour racommoder sa maison puisse y mettre le feu & l’incendier toute entiere & chasser les puces, les souris & les rats, la vermine des moines & des rabats hypocrites et plats. Il n’y avoit que des monstres inhumains tels que les Robespierres & les Marats qui puissent être aussi fols & aussi scelerats »… Elle affirme sa fidélité à l’Angleterre, une nation où « j’ai déjeuné, diné, soupé & couché depuis 1762 ». Elle se déclare « toujours silencieuse, sage, tranquille & heureuse si vous excepté la triste avanture où notre brave fille a perdu sa queue de dragon & a été fait par la loi & le Roi Demoiselle de bon alloy [...] devenue malgré moi porte juppe & cornette ». Elle rappelle le dépôt d’argent remis pour elle par Louis XVI à Lord Ferrers pour payer ses dettes et qui a été dérobé : « Si une fille dragonne peut sans deshonneur abandonner sa queue à l’ennemi, elle ne peut sans misere & impudeur abandonner les beaux yeux de sa cassette [...] car dans ce monde que signifie la vertu à une fille, sans bijoux et sans argent triste figure elle fait sur la terre & surtout en Angleterre »…. Évelyne et Maurice Lever, Le Chevalier d’Éon, une vie sans queue ni tête (Fayard, 2009, p. 319).

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Charles-Geneviève de Beaumont, chevalier d’ÉON. L.A. (minute) : Projet de lettre, [1793], à « Monsieur l’officier de la Couronne » [d’Angleterre] ; 3 pages in-4. Intéressant projet de lettre pour ne pas être considérée comme émigrée, mais condamnant la Terreur et disant son attachement pour l’Angleterre, et évoquant sa métamorphose en femme. Elle s’adresse à l’officier chargé de faire « la liste des émigrés françois, pauvres, tristes, maigres & affamés ». Elle supplie de ne pas la porter sur cette liste « car je ne suis ni triste, ni maigre, ni pleine, ni vuide ». Elle a ses passeports depuis 1792 mais elle a hésité à revenir en France, et en apprenant l’emprisonnement au Temple de Louis XVI et sa famille, elle a mis « de l’eau dans mon vin & j’ai dit en moi-même si on traire comme cela le Roi mon maitre, comment traitera-t-on sa servante. […] Car quoique j’aye dessiré avec tous les gens honnete & ecclairé une sage reforme des abus extraordinaires en France, jamais je n’ai demandé la réforme de la tête du Roi & de ses sujets. Il n’y a qu’un fou qui pour racommoder sa maison puisse y mettre le feu & l’incendier toute entiere & chasser les puces, les souris & les rats, la vermine des moines & des rabats hypocrites et plats. Il n’y avoit que des monstres inhumains tels que les Robespierres & les Marats qui puissent être aussi fols & aussi scelerats »… Elle affirme sa fidélité à l’Angleterre, une nation où « j’ai déjeuné, diné, soupé & couché depuis 1762 ». Elle se déclare « toujours silencieuse, sage, tranquille & heureuse si vous excepté la triste avanture où notre brave fille a perdu sa queue de dragon & a été fait par la loi & le Roi Demoiselle de bon alloy [...] devenue malgré moi porte juppe & cornette ». Elle rappelle le dépôt d’argent remis pour elle par Louis XVI à Lord Ferrers pour payer ses dettes et qui a été dérobé : « Si une fille dragonne peut sans deshonneur abandonner sa queue à l’ennemi, elle ne peut sans misere & impudeur abandonner les beaux yeux de sa cassette [...] car dans ce monde que signifie la vertu à une fille, sans bijoux et sans argent triste figure elle fait sur la terre & surtout en Angleterre »…. Évelyne et Maurice Lever, Le Chevalier d’Éon, une vie sans queue ni tête (Fayard, 2009, p. 319).

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