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Hyancinthe RIGAUD Perpignan, 1659 - Paris, 1743 Portrait du chirurgien Alexandre Passerat Huile sur toile (Toile d'origine) Portrait of the surgeon Alexandre Passerat, oil on canvas, by H. Rigaud 116,50 x 86,50 cm (45,87 x 34,06 in.) Bibliographie : Stéphan Perreau, 'Hyacinthe Rigaud 1659-1743. Catalogue concis de l'oeuvre', 2013, p. 148, cat. PC.626 et en ligne, (http://www.hyacinthe-rigaud.com), n° P.sup.3 Stéphan Perreau, « Le chirurgien Passerat par Hyacinthe Rigaud : un nouvel opus inédit » (http://hyacinthe-rigaud.over-blog.com), 18 juillet 2017 Commentaire : Ce portrait plein de noblesse est celui d'un chirurgien célèbre et respecté, représenté dans la fleur de l'âge et au sommet de sa carrière, peu avant sa mort en 1702 : Alexandre Passerat, le " beau Passerat " comme l'appelait Madame de Sévigné1. Les formules propres à Hyacinthe Rigaud se retrouvent ici : sur une toile à préparation brun rouge le pinceau joue avec les fonds gardés en réserve. Les rouges cramoisis qui caractérisent sa palette se retrouvent sur le manteau de cet homme au regard franc et à la beauté naturelle. Les mains sont le second sujet du tableau ; ce sont en effet les outils du chirurgien praticien et l'on peut imaginer que le modèle ne pouvait passer commande pour cette raison d'un simple portrait en buste. Malgré le coût supplémentaire des mains, comme le souligne Stéphan Perreau, Passerat se devait de les mettre en avant comme un prince met en avant sa couronne et un roi son sceptre. La carrière d'Alexandre Passerat se devine aussi au travers de l'ouvrage d'ostéologie dont les pages ouvertes laissent entrevoir un crâne et un fémur. Le' Journal des Savants' de 1715 (t. 66, p. 210) nous renseigne sur la carrière du modèle : il " cultiva par un travail assidu les heureux talens qu'il avoit reçûs de la nature. Il joignit à la connoissance de sa Langue, qu'il parloit & qu'il écrivoit avec toute la politesse & tout l'agrément possible, celle du Grec, du Latin & de l'Italien. Il étoit bon Physicien, habile Anatomiste, excellent Opérateur, instruit à fond de la théorie de sa profession, dont il avoit lû tous les Auteurs, tant anciens que modernes. Il avoit un attachement inviolable aux véritables intérêts de sa Compagnie dont il a toujoûrs soutenu l'honneur & la Discipline avec beaucoup de fermeté. Son éloquence naturelle jointe à son grand sçavoir, engagea sa Compagnie à le choisir pour faire l'ouverture de l'Amphithéatre anatomique de S. Cosme, nouvellement construit ; & l'on peut dire que dans cette action célèbre, il mit le comble à la grande réputation qu'il s'étoit acquise en semblables occasions. En un mot, on peut assurer que comme les siècles passez n'ont vû paroître en France presque aucun Chirurgien qui lui soit comparable, la postérité n'aura pas moins de peine à trouver des sujets qui puissent dignement le remplacer. Il mourut en 1702 ['ndr' : 12 septembre], regretté de tous ses confrères, dans la mémoire desquels il vivra toujours ". 1. Lettre 889, à Monsieur de Guitaud, juin?1683.

paris, France